Passionnée depuis toute petite par les chevaux, j’ai lu des centaines de magazines et de livres à leurs sujets, regardé des reportages et j’ai intégré de nombreux grands principes et croyances les concernant. Mais sinon, quand on leur demande, ils préfèrent quoi ? Quel mode de vie ?
Eh bien vous pourriez être surpris !
Bien sûr cet article n’est pas là pour faire des généralités, car tout l’intérêt de la communication animale est d’écouter l'animal comme son égal, et de savoir ce que LUI pense et ressent. Il s’agit bien là de reconnaître et de prendre en compte leur singularité :)
Au cours de plusieurs consultations, j’ai eu comme question : que préfères-tu ? (vivre en box avec sortie au paddock, vivre au pré et rentrer la nuit, vivre au pré jours et nuits, etc, ainsi que d'autres variantes)
Voici un partage de plusieurs consultations avec des chevaux de tout âge :
Lors d’une consultation avec un jeune cheval de 3 ans qu’une personne souhaitait acheter, elle voulait savoir qu’est-ce qu’il aurait besoin, quel mode de vie préférerait-il ?
Et aussi surprenant que cela puisse l'être -car on pourrait se dire qu’à cet âge ils vivent au pré, etc,- il m’a exprimé clairement son besoin et son envie d’avoir un box et tout le confort qui va avec : être coupé de l’humidité (celle qui remonte de la terre la nuit et celle qui “tombe sur le dos”), avoir chaud, avoir une litière douillette où se reposer, etc
Cette personne m’a confirmé que les éleveurs avaient bien remarqué qu’il appréciait un certain confort. Il y a aussi parfois la notion de sécurité qui peut ressortir chez certains individus.
Lors d’autres consultations avec des chevaux de concours retraités, j’ai pu ressentir à quel point le contact et la chaleur humaine leur était vitale, oui, le mot est fort mais juste. Certains chevaux âgés sont montés un petit peu mais le vivent bien quand c’est light et quand ils sentent leur corps toujours en capacité. Une personne a acheté un cheval que son ancienne propriétaire avait mis au pré, et elle m’a dit qu’il était littéralement en train de dépérir, et dans le ressenti lors de la communication, si je lui proposais l’option vivre au pré H24, je le sentais clairement déprimé et abattu.
Le lien avec l'humain étant trop important pour ce cheval, sa santé mentale en dépendant, (et quand le moral va, le corps aussi). Il y avait également une partie physique à prendre en compte : pouvoir vivre au box la nuit (et le confort qu’il a connu toute sa vie) ainsi que garder cette proximité avec les autres chevaux au travail, l'atmosphère dynamique des écuries, se sentir toujours au "coeur" de l’action, c’est ça qui faisait vibrer son coeur.
Un des exemples les plus célèbres est l’histoire extraordinaire de Jappeloup, dont Christian Dugay a réalisé l'adaptation cinématographique.
Il y a aussi une fois, où une personne, toujours dans une démarche bienveillante et d’amour souhaitait demander à son cheval s’il aimerait pour ses vieux jours vivre dans une écurie active (https://www.youtube.com/watch?v=s13Ss815R9k), lui expliquant et lui montrant ce que c’était, je l’ai senti très nettement perdu et mal à l’aise à l’idée de vivre ainsi, c’était trop différent et déstabilisant après avoir vécu toute sa vie d'une certaine manière. Je n’aime pas ce mot, mais après être “conditionné” d’une certaine manière pendant près de 10, 15 ou 20 ans, vivre en troupeau, loin de tout ce qu’il a toujours connu, les petites attentions, les visites, l’ambiance des écuries, le contact humain, etc cela était aux antipodes de ce que lui désirait.
Son humaine avait également ce ressenti, mais bien souvent des personnes qui me consultent sentent les choses mais ont besoin de confirmation pour en être sûre :)
Une autre fois, souhaitant le meilleur pour son ancienne jument de concours devenue poulinière, une cavalière de cso (concours de saut d'obstacles) a préparé graduellement sa jument à la retraite. Les chevaux de sport étant généralement travaillés entre 5 à 6 fois par semaine (voire plus lors des compétitions).
Elle m’a dit avoir réduit la fréquence de travail progressivement pour ne pas que la jument se sente perdue et délaissée, leur lien étant très fort, et ne voulant pas tout stopper de manière trop radicale. Elle a ensuite placé sa jument dans une pension n’ayant que des chevaux retraités, où elle a demandé à ce que sa jument ait des “extras” (au niveau de l'attention et des soins).
Sa jument ne “prenait” pas l’IA (insémination artificielle), et lors de la communication, j’ai pu ressentir à quel point elle s'ennuyait et déprimait…l’ambiance des écuries lui manquait énormément ainsi que de voir son humaine tous les jours. Malgré les petites attentions de la responsables des écuries, cela n’y changeait rien. Dans le ressenti c’était comme de se retrouver dans un hameau de 12 habitants en ayant vécu toute sa vie au sein d’une ville dynamique, c’était littéralement mortel. Des mois plus tard lors d’une consultation avec un autre de ses chevaux, j'ai eu des nouvelles, la jument avait changé d'écurie et était plus épanouie, c’était un mix entre pension pour retraités et écurie de concours, et elle avait finalement un bébé dans son ventre ! Sa cavalière la sentait également beaucoup plus épanouie, avec un œil plus vif.
A l’inverse, j’ai une fois eu un cheval, ayant vécu la plus grande partie de sa vie au pré mais sans abris, très proche d’un parent de la personne, qui les hivers allaient parfois en pension dans une écurie loin de ses humains adorés, et qui là avait le choix, que préférerait-il sachant qu’il vivait seul depuis un certain temps ? Là, malgré sa solitude, il m’a dit qu’il préférerait rester ainsi, proche de ses 2 humains car là bas aux écuries de la pension, il y avait trop d'agitation à son goût et il ne s’y sentait pas bien, son besoin de vivre dans la nature étant vital. Un abri a été demandé et aussi l’accueil d’un congénère (chose que la personne était prête à mettre en place dès que possible pour le bien-être de son cheval).
Pour conclure cet article, nous avons ces croyances très ancrées sur ce dont les chevaux ont besoin (et moi la première avant de pouvoir communiquer avec eux), mais en les écoutant, on se rend compte qu’on ne peut prendre une généralité pour acquise, car chaque cheval a son propre parcours de vie et ses besoins. Quand certains chevaux peuvent se sentir enfermés et dépérir en box, à développer des tics, etc ; d’autres se laisseront dépérir en vivant au pré jours et nuits, tout dépend de leur vécu et de leur tempérament… à nous de les écouter…et de prendre en considération leurs besoins.
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